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Interview

Interview avec Karl Monahan, thérapeute spécialisé dans les douleurs pelviennes chez l’homme

By 8 mars 2022avril 6th, 2022No Comments

Karl Monahan dirige la Pelvic Pain Clinic à Londres et s’est spécialisé ces 20 dernières années dans le syndrome de douleur pelvienne chronique chez l’homme. Il est également cofondateur du groupe Facebook « The Recovery Room », dans lequel de nombreux conseils sont partagés. En outre, des personnes ayant déjà souffert de cette maladie y parlent de leur processus de guérison et il est possible de poser des questions.

Bonjour Karl, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je m’appelle Karl Monahan, je suis un expert en santé pelvienne masculine avec plus de 20 ans d’expérience en tant que clinicien et éducateur. J’ai une formation en massothérapie sportive et clinique avancée. Au milieu de la vingtaine, j’ai souffert d’une épididymo-orchite qui m’a fait perdre mon testicule droit. Je sais  donc ce que c’est que d’éprouver des douleurs pelviennes  en tant qu’homme. Je suis très heureux de dire que je n’ai plus aucun symptôme de douleur pelvienne. J’ai consacré ma carrière à aider les hommes à se remettre de ces affections qui changent la vie (syndrome de douleur pelvienne chronique et prostatite chronique). J’ai ouvert The Pelvic Pain Clinic en 2016.Elle se consacre uniquement au traitement des douleurs pelviennes masculines. Je suis également le fondateur et l’expert clinique de Pelvic Pain Matters – une organisation qui offre un soutien, des conseils et une formation aux patients et aux cliniciens qui s’intéressent à la douleur pelvienne masculine.

Selon vous, quelles sont les causes du syndrome de douleur chronique du plancher pelvien ?

Les recherches et mes résultats suggèrent que le syndrome de douleur pelvienne chronique peut être déclenché par toute une série d’éléments, notamment une infection, un traumatisme direct au bassin, un déséquilibre dans le mode de vie ou un changement de vie radical. Cela peut créer un épisode aigu de symptômes, mais les facteurs qui poussent un état à devenir chronique peuvent être complexes et multifactoriels. Le corps devient essentiellement de plus en plus sensible. De multiples systèmes de l’organisme modifient leur comportement et leur niveau d’activité – musculaire, nerveux, immunitaire et endocrinien, pour ne citer que les plus impliqués. Les habitudes apprises et les comportements conditionnés jouent également un rôle – les changements de posture, l’évitement de l’activité, l’augmentation de l’anxiété, la catastrophisation et l’inquiétude jouent tous un rôle. Chaque cas est unique en fonction de l’individu et des multiples facteurs qui interviennent dans sa vie. Comprendre un patient, apprendre à le connaître réellement et à connaître ses symptômes est essentiel pour un rétablissement réussi.

Quelles sont, selon vous, les approches thérapeutiques les plus prometteuses ?

La voie médicale traditionnelle consiste à utiliser des antibiotiques pour traiter « l’infection » de la prostate. Les recherches suggèrent que l’infection est rarement présente dans les cas chroniques, certains résultats suggérant que plus de 98 % des cas ne sont pas bactériens ! Pourtant, les antibiotiques restent le traitement de prédilection des urologues et des médecins. Les muscles sont le point de mire de nombreux physiothérapeutes et autres praticiens de la santé – étirements, thérapie des points de déclenchement, machines TENS, massages, etc. Ces méthodes ne se concentrent que sur un seul système corporel (les muscles) et ont donc des limites une fois que ces stratégies ont été épuisées. Les recherches montrent qu’une approche multidisciplinaire donne les meilleurs résultats. Cela inclut des changements de d’hygiène de vie pour stimuler la capacité naturelle du corps à guérir et à récupérer, la nutrition, l’exercice, l’activité, le repos, les options de thérapie par la parole pour les patients qui souffrent d’anxiété, d’hyper vigilance et de catastrophisme. Les médicaments peuvent être utilisés avec succès parallèlement à ces approches plus naturelles. Comme je l’ai mentionné précédemment, chaque patient est unique et il n’existe pas d’approche unique convenant à tous les patients. Il est essentiel de trouver un bon thérapeute, compatissant et attentionné.